La place de Jacques Truphémus dans l’histoire de la peinture contemporaine demeure complexe. Volontiers associé au courant intimiste initié par Vuillard et Bonnard au début du siècle, le peintre affirma son attachement à l’art de Picasso, Matisse, Balthus, Giacometti, Bacon, Lucian Freud, Rebeyrolle. Sa peinture, toujours en constante recherche, surprend par sa vivacité colorée tout en maintenant l’impression de douce mélancolie qui imprègne son œuvre.

Jacques Truphémus est particulièrement présent au sein de la collection du musée Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône, qui constitue la collection publique la plus représentative du travail de l’artiste. Formé à l’école des Beaux-Arts de Lyon dans les années 1940, il a orienté son œuvre vers des thématiques plus intimistes comme les scènes d’intérieur et de natures mortes. Il crée, avec Jean Fusaro et André Cottavoz, le groupe éphémère des Sanzistes. Sa peinture contemplative traduit les émotions subtiles qui émanent de lieux ou de simples objets.

Depuis les années 2000, le peintre obéit à sa toile : la réserve donne la respiration aux couleurs intenses reprises avec les doigts ou simplement estompées avec le chiffon. Il exalte les verts tendres de la végétation qui, sous la lumière estivale, transforment le jardin du Vigan, où il réside, en jardin fantasmé. Dans les toiles de 2007-2015, Truphémus saisit avec allégresse la lumière estivale des arbres dans des camaïeux de verts tendres comme celle des intérieurs. Sa maison du Vigan, à l’abri des regards, est le refuge méditatif d’où s’observe une nature luxuriante.

Dans les portraits, il recourt aussi à l’indéfini des silhouettes. Avec Sieste sous la tonnelle, l’abandon des corps assoupis illustre cette communion de la peinture avec la nature. Les personnages assis (le souvenir de son épouse Aimée disparue en 2000 et lui-même un après-midi cévenol) sont ici enveloppés dans un rideau de verdure. Le sol oscille entre des verts et des mauves intenses. Les coulures de peinture ajoutent à cette sensation mélancolique. Les figures se fondent dans un instant de profond endormissement où la nature semble irréelle.

Notice Joconde