Louis-Auguste Lapito expose au Salon de Paris de 1827 à 1870 des paysages issus de ses voyages en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, en Italie, à Annecy ou encore en Corse. Il appartient au cercle des peintres de l’école de Barbizon. À la fois centre géographique et spirituel d’une colonie de peintres paysagistes désirant travailler d’après nature, Barbizon marque le point de départ de l’émergence du paysage comme genre pictural autonome.

Dans sa Vue de la forêt de Fontainebleau, Lapito représente une nature idéalisée dans laquelle évoluent des peintres-promeneurs. Assis à l’abri des arbres, ils ont posé leurs pinceaux et boites de peinture. Faisant référence à la peinture de paysage hollandaise du XVIIe siècle, l’artiste établit, dans un jeu de clair-obscur, un contraste saisissant entre la lumière du lointain et l’ombre des rochers et des arbres de la forêt. Le coup de pinceau, délicat et précis, offre un rendu graphique de la nature : il a patiemment étudié les détails avant de peindre l’ensemble du paysage dans son atelier.

Cette toile acquise par l’État en 1846, illustre l’émancipation du genre du paysage au XIXe siècle. Les artistes, bénéficiant de l’essor du chemin de fer, de l’apparition du tube de peinture, quittent leurs ateliers pour aller prendre des notes dans la nature. Ils seront les instigateurs de la peinture de plein-air chère aux Impressionnistes.